Facette

L'Écho de Verre

Il a commencé avec un frisson, une vibration subtile dans les murs de la ville. Puis, les objets ont commencé à se déformer, légèrement, comme si une main invisible les modelait. Les couleurs se sont intensifiées, devenant presque palpables, et les sons se sont transformés en murmures complexes, des entrelacs de fréquences que l'esprit humain ne pouvait pas complètement comprendre. Cela portait le nom de "L'Écho de Verre," un phénomène étrange qui semblait s'étendre depuis le cœur de la vieille ville, pulsant avec une énergie insidieuse.

On raconte que des passants, ceux qui sont restés trop longtemps à observer les changements, ont commencé à voir des visages dans les reflets, des silhouettes spectrales qui se tordaient et se déplaçaient selon des lois inconnues. Certains ont affirmé avoir entendu des voix, des chuchotements venant de l'intérieur des bâtiments, des fragments de conversations oubliées, des secrets enfouis depuis des siècles. La réalité elle-même semblait se dissoudre, remplacée par une multitude de possibilités, chacune aussi réelle que l'autre.

Le physicien Elias Thorne, le seul à avoir tenté de comprendre l'Écho, avait disparu il y a six mois, laissant derrière lui un laboratoire rempli d'instruments complexes et de notes griffonnées sur des feuilles de papier. Ses dernières observations suggéraient que l'Écho n'était pas un phénomène naturel, mais plutôt une manifestation de l'esprit, une forme d'énergie consciente capable de remodeler la matière et de manipuler le temps.

Les Chroniques Oubliées

Avant l'Écho, il y avait les Chroniques. Des fragments de mémoire collective, gravés dans les pierres de la ville, murmurés par le vent, cachés dans les symboles anciens. Des histoires de civilisations disparues, de pouvoirs oubliés, de pactes signés avec des entités d'un autre monde. Ces récits étaient déformés, fragmentés, mais leur essence subsistait, comme des échos lointains dans le vide. Certains croyaient que ces Chroniques étaient la source de l'Écho, une tentative de la mémoire collective de retourner à la surface.

L'archéologue Seraphina Dubois, spécialisée dans les cultures pré-européennes, avait passé des années à étudier ces fragments. Elle avait découvert que la ville avait été construite sur un ancien site sacré, l'endroit où une puissante entité, qu'elle appelait "Le Gardien," avait été invoquée pour protéger la région. Le Gardien avait ensuite été oublié, son pouvoir diminué au fil du temps, mais son influence persistait, se manifestant à travers les Chroniques et, finalement, à travers l'Écho.

Dubois pensait que la clé pour comprendre l'Écho était de retrouver le Gardien, de le réveiller et de lui demander de briser l'illusion. Elle avait découvert un rituel ancien, un chant capable de réveiller le Gardien, mais elle avait besoin de trouver les pièces manquantes, les symboles sacrés qui servaient de clés à son pouvoir.

Les Fragments

Les fragments étaient les manifestations les plus immédiates de l'Écho. Des objets qui se brisaient sans raison, des couleurs qui changeaient de direction, des sons qui se transformaient en d'autres. C'était comme si l'Écho avait la capacité de dissoudre la réalité à un niveau fondamental.

Des habitants avaient rapporté des cas d'objets qui se déplaçaient de leur place, de portes qui s'ouvraient et se refermaient toutes seules, de miroirs qui reflétaient des visages qui n'étaient pas les leurs. Certains avaient même affirmé avoir vu des objets se briser en mille morceaux, ne laissant derrière eux qu'un tas de fragments irisés, comme des éclats de verre enchanté.

Les scientifiques tentaient de comprendre les mécanismes de l'Écho, mais ils étaient confrontés à un problème fondamental : l'Écho semblait défier les lois de la physique, de la chimie, même de la biologie. Il était comme une force étrangère, une entité consciente qui jouait avec la réalité.